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« Underground » d’Emir Kusturica : En versions longue (inédite) et d’origine

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Revoir aujourd’hui Underground, le film d’Emir Kusturica de 1995 que Malavida ressort au cinéma ce 31 janvier dans sa version originelle, c’est poser un œil neuf sur une œuvre importante, sujette à son époque à de nombreuses polémiques et détentrice d’une Palme d’or cannoise et de nombreux autres prix internationaux.

Lazar Ristovski, Mirjana Joković et Miki Manojlović (Photo Malavida)

Ce que l’on retient tout d’abord de ce film épique, porté par un élan et un enthousiasme indéniables, c’est, n’ayons pas peur du mot, son bordel ambiant. On peut s’amuser à rechercher les adjectifs qui conviennent le mieux : tonitruant, ébouriffant, hénaurme — en utilisant cette graphie qui accentue encore le mot, usitée entre autres par Flaubert, Jules Romains et Daniel Pennac. On peut également penser à cet ami chanté par Brel dans Caporal Casse-Pompon, ce type justement énorme « qui aime la trompette et le clairon ». Ici, portés par la musique entraînante de Goran Bregovic, trompettes et clairons ne manquent pas et accompagnent tout du long les deux héros du film, Blacky et Markos, respectivement incarnés par Lazar Ristovski et Miki Manojlović.

Photo Malavida

L’action se déroule en Yougoslavie pendant la Seconde Guerre mondiale et nos deux lascars sont voleurs et partisans communistes, toujours prêts à faire un sale coup à l’occupant sans oublier de se servir au passage.

Underground démarre et s’achève en fanfare et, entre temps, la musique aura bercé la quasi totalité du film tandis que s’engloutissent des hectolitres d’alcool. Le burlesque est souvent au rendez-vous qui, soudain, se mue en poésie. On s’en rend compte dès les premières séquences et le bombardement du zoo où travaille Ivan (Slavko Stimac), le frère de Markos, avec les animaux qui errent dans les ruines.

(Photo Malavida)

Sur un mode comique, Kusturica conte l’histoire de son pays, victime à cette époque d’incessants bombardements qui sont, c’est dit dans le dialogue, d’abord du fait des nazis puis des Alliés. Une fois la paix revenue, le cinéaste montre le titisme par de nombreuses images d’archives, y compris celles, impressionnantes, des funérailles du maréchal Tito, de foules en larmes et des personnalités venues pour l’occasion : on reconnaît Yasser Arafat, Hafez el-Assad, Leonid Brejnev, Margaret Thatcher, etc.

Miki Manojlović (Photo Malavida)

Pendant tout ce temps et pour l’amour d’une femme, Natalija (Mirjana Joković), que les deux amis se disputent, Markos cache un groupe de partisans, dont Blacky et son fils, dans sa cave et leur fait croire pendant plus de 20 ans que la guerre continue. Quand ils pourront enfin sortir, Ivan partira pour l’Allemagne et, à son retour dans son pays, il subira une nouvelle guerre, celle de Bosnie.

Lazar Ristovski et Miki Manojlović (Photo Malavida)

Kusturica aime sa terre, le côté foutraque de ses compatriotes et c’est par une formidable métaphore qu’il conclut son récit épique, celle d’un pays qui se morcèle. Les humains, eux, s’engueulent et se rabibochent, montrent leur force en endurant leur malheur avec le sourire. Blacky et Markos ressemblent à Zorba, le personnage de Nikos Kazantzakis immortalisé à l’écran par Anthony Quinn. Ils encaissent les coups durs et continuent à boire et à s’amuser. Les filmer ainsi, c’est rendre hommage à un pays qui s’est à chaque fois relevé de guerres et de dictatures tant qu’il est resté uni. Et qui, malheureusement, à la fin du film, part à vau-l’eau.

Malavida ressort donc le film en salles le 31 janvier dans son métrage d’origine. Une version intégrale « XXL » inédite de 5h16 sera également proposée dans plusieurs villes à des dates précises (cf la liste ci-dessous).

Jean-Charles Lemeunier

Underground
Année : 1995
Origine : Yougoslavie
Réal. : Emir Kusturica
Scén. : Dušan Kovačevi, Emir Kusturica
Photo : Vilko Filac
Musique : Goran Bregović
Montage : Branka Ceperac
Avec Miki Manojlović, Lazar Ristovski, Mirjana Joković, Slavko Stimac, Ernst Stötzner, Srdjan Todorovic, Bora Todorović, Emir Kusturica…

Sortie par Malavida au cinéma le 31 janvier 2024 dans sa version originelle. Et, dans certaines villes et à certaines dates, dans une version longue inédite.


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