Quantcast
Channel: PROJOS À CHAUD – Le blog de la revue de cinéma Versus
Viewing all articles
Browse latest Browse all 95

« Barbie » de Greta Gerwig : Des poupées qui savent dire non

$
0
0

Quel bel univers que Barbieland et ce n’est pas son illustration dans le film de Greta Gerwig, Barbie, qui viendrait contredire cette affirmation. De belles maisons roses aux piscines turquoises, une plage immense que baigne un bel océan dans les vagues duquel barbotent quelques sirènes, et un ensemble de Barbie magnifiques et superbement intelligentes : nous avons la Barbie présidente, la Barbie journaliste, la Barbie médecin, la Barbie physicienne, la Barbie prix Nobel de littérature, etc. Quant aux Ken, ma foi, les Ken correspondent bien à cet idéal que Jacques Brel aurait voulu vivre rien qu’une heure durant : ils sont beaux, beaux et cons à la fois.

Quels qualificatifs attribuer au film de Greta Gerwig ? Intelligent, corrosif, lumineux, coloré, marrant et mettant en scène une mise en abyme abyssale. Produit par Warner et Mattel, la société qui fabrique et distribue les poupées, Barbie n’hésite pas à mordre la main qui la nourrit. Ce qui est, il faut bien l’admettre, la force d’un certain cinéma américain : parler du monde actuel et le critiquer. Ici, Mattel est dirigé par une bande de crétins — avec, en tête, un Will Ferrel impeccable — et le film s’amuse de toute cette imagerie pour petites filles élaborée au fil du temps.

Greta Gerwig et son coscénariste Noah Baumbach n’y vont pas par quatre chemins. Après un début digne du 2001 de Kubrick, ils montrent combien la poupée dont il va être question est l’une des bases de l’American Way of Life. La preuve, questionneront les plus sceptiques ? La preuve est que toutes les femmes sont représentées chez les Barbie, quelles que soient leur couleur, leurs formes et même si elles sont obligées de se déplacer en fauteuil roulant. Et toutes sont heureuses car le monde décrit ici est beau, sans racisme, pauvreté ou maladie. Jusqu’au jour où… la Barbie stéréotype (Margot Robbie) se réveille avec une mauvaise haleine et s’aperçoit, quelle horreur, qu’elle a les pieds plats, c’est-à-dire que ceux-là ne prennent plus la forme de hauts talons, même lorsqu’ils sont déchaussés. Elle décide donc de se rendre dans le Monde Réel, suivi malgré elle par Ken (Ryan Gosling).

Est-il utile de préciser que Margot Robbie et Ryan Gosling sont précisément les archétypes de Barbie et Ken et que les deux acteurs font merveille ? À travers les nombreuses aventures vécues dans le Monde Réel puis de retour à Barbieland, à travers les rencontres faites, une nouvelle poupée pourrait être créée : la Barbie féministe. Le film l’est, résolument féministe, et le dialogue final est bien là pour le prouver. Les Barbie sont des poupées qui savent dire non, dignes descendantes de celle chantée par Polnareff.

Entre temps, on aura ri, vu le patriarcat dans lequel nous vivons se faire démonter rouage après rouage et le public très nombreux — les salles sont combles depuis la sortie du film le 19 juillet — repartir en chantonnant la chanson du générique, celle d’Aqua réinterprétée avec Nicki Minaj et Ice Spice, I’m a Barbie girl in a Barbie world.

Jean-Charles Lemeunier

Barbie
Année : 2023
Origine : États-Unis
Réal. : Greta Gerwig
Scén. : Greta Gerwig, Noah Baumbach
Photo : Rodrigo Prieto
Musique : Mark Ronson, Andrew Wyatt
Montage : Nick Houy
Prod. : Warner, Mattel
Durée : 114 min
Avec Margot Robbie, Ryan Gosling, Kate McKinnon, Issa Rae, Michael Cera, Will Ferrell, America Ferrera, Hari Nef, Emma Mackey, Alexandra Shipp, Rhea Perlman, Helen Mirren…

Sortie sur les écrans le 19 juillet 2023.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 95

Trending Articles