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Channel: PROJOS À CHAUD – Le blog de la revue de cinéma Versus
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« Le Petit Hérisson dans la brume et autres merveilles » : Rires et émotions

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Malavida est devenu le spécialiste des films en provenance des pays de l’Est. Pas étonnant que cet éditeur et distributeur nous propose, à partir du 5 avril pour une sortie en salles et sous le titre Le Petit Hérisson dans la brume et autres merveilles, un joli programme de quatre films russes d’animation : La Moufle (1967) de Roman Kachanov, Il était une fois un chien (1982) d’Édouard Nazarov, Comment le lionceau et la tortue ont chanté une chanson (1974) d’Inessa Kovalevskaya et celui qui donne son titre à l’ensemble, histoire d’un joli petit hérisson réalisée en 1976 par Youri Norstein.

Quatre contes, donc, destinés aux tout-petits (dès 3 ans), mais qui plairont tout autant aux parents. Quatre films courts aux styles très différents et aux techniques qui le sont tout autant, qui parlent aux enfants d’êtres auxquels ils restent très attachés : les animaux.

« La Moufle »

Dans La Moufle, une petite fille regarde par la fenêtre les passants qui promènent leurs chiens dans la neige. Elle aurait tellement envie d’en avoir un seulement, impossible d’en parler à sa maman qui surgit dans l’appartement comme une bombe, ôte sa chapka et son manteau sans quitter des mains le livre qu’elle est en train de lire et qui s’affale aussitôt sur son canapé, le bouquin à la main. On admirera au passage la fluidité du mouvement et l’humour qui accompagne cette arrivée en fanfare. Alors la gamine, sans prendre le soin de le demander à sa mère, monte voir sa voisine et récupère un mignon petit chien. Lequel aussitôt arrivé dans la demeure, laisse un souvenir suffisamment liquide pour déplaire à la maîtresse de maison. Exit le clébard et commence alors la poésie d’une pauvre petite qui use de sa moufle en guise d’animal domestique. La tendresse est au rendez-vous et on serait bien difficile de ne pas se laisser prendre au message de La Moufle, comme à celui des trois autres histoires.

« Il était une fois un chien »

C’est encore un chien qui est au cœur de l’intrigue suivante, adaptée d’un conte ukrainien, dans lequel on assiste d’ailleurs à un mariage traditionnel. Un vieux chien qui n’en peut plus crée des catastrophes à force de lenteur et d’être toujours là où il ne faut pas. Une vieille carne que son maître à tôt fait de virer à grands coups de pompes, vu qu’il n’a pas fait son boulot de chien : effrayer un cambrioleur. Ici, le cinéaste se met carrément au service des animaux, avec beaucoup d’humour et de distance, et va montrer comment deux d’entre eux, tout aussi décatis l’un que l’autre, peuvent se mettre d’accord pour se jouer des humains. Les plus grands y verront bien sûr le constat amer de la vieillesse — surtout quand le ventre du chien se met à gargouiller et qu’il ne parvient pas, malgré sa faim, à mettre la patte sur le moindre animal courant, qu’il soit lièvre, écureuil ou mulot. Pour survivre malgré tout, il faudra donc beaucoup d’intelligence, de connaissance de l’humain et de roublardise et l’empathie de Nazarov, comme celle du spectateur, va directement aux animaux et non aux énergumènes à deux pattes qui leur donnent des ordres. Rires et émotions se chevauchent et comment ne pas parler de cette séquence où le vieux loup se rit du vieux chien, part à la renverse et… se retrouve coincé.

« Comment le lionceau et la tortue ont chanté une chanson »

La fable suivante, qui met en scène une tortue et un lionceau qui chantent, est davantage encore adressée aux enfants. Avec son lot de singes et d’animaux de la savane qui font de rapides apparitions, avec cette chanson qu’entonnent les deux amis, on pourrait être dans Le Livre de la jungle. D’autant plus que cette tortue qui passe sa journée allongée à brailler fait penser à Baloo. Et c’est vrai qu’il en faut vraiment peu pour être heureux.

« Le Petit Hérisson dans la brume »

Dernier conte, celui du petit hérisson et de son copain ours qui aiment regarder et compter les étoiles autour d’un samovar est sans doute le plus poétique. D’autant que la brume s’étend et que le petit hérisson s’y perd. La découverte d’un autre monde, de nouvelles sensations, de peurs et de rencontres, lui donnera à réfléchir. Comme l’idée est déjà belle, de passer la nuit à scruter le ciel quand les humains, faute de temps et pour cause de pollution lumineuse, ne sont même plus capables de les voir. Autre élément totalement naturel, la brume paraît ici magique, où les animaux apparaissent et disparaissent comme par enchantement, mais elle n’inquiète pas vraiment. Même lorsqu’il semble perdu, le petit hérisson trouvera toujours quelqu’un pour l’aider. Puisque c’est un beau cheval blanc qu’il a vu dans la brume qui l’a attiré là-dedans, le hérisson y pensera toujours à la fin de l’histoire, comme si, le temps d’une nuit, il avait découvert une autre forme de poésie que celle qui consiste à compter les étoiles, celle de la vie elle-même et de la prise de risque.

Jean-Charles Lemeunier

« Le Petit Hérisson dans la brume et autres merveilles » : programme de courts-métrages accessible dès 3 ans. Sortie en salles par Malavida Films le 5 avril 2023.


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